Elles occupent un local du projet « Le Nid » : portrait d’une équipe passionnée
Daphné, Claudie, Nada et Nora ont eu un coup de cœur pour le local associatif du Nid à Anderlecht. Depuis quelques mois, elles occupent ce local et y pratiquent leurs professions. Rencontre avec ces logopèdes, psychomotriciennes, orthophonistes et/ou médiatrices passionnées.
Bonjour ! Et si on commençait par se présenter ?
Daphné : Je suis une vieille orthophoniste et jeune logopède arrivée il y a 5 ans à Bruxelles. Je suis née dans le midi (sud de la France) et j’ai eu un coup de cœur pour Bruxelles. J’ai mis toute mon énergie en 2017 pour créer une nouvelle vie ici.
« Claudie : Je suis arrivée à Bruxelles en 2013. J’ai passé la grande part de ma vie en Irlande. On est arrivé ici car il y avait une grosse crise économique. Mon mari travaillait et moi je travaillais sporadiquement. Mais on n’y arrivait plus donc on a fait comme beaucoup de gens, on est parti. À cette époque il y avait même un groupe Facebook intitulé « Le dernier diplômé qui quitte le pays éteint la lumière ». Tout le monde est parti chercher du boulot ailleurs et je suis arrivée ici. J’ai donné des cours de yoga. Je me suis formée pour être psychomotricienne, ce qui n’est pas très éloigné du yoga. Mes enfants sont allés à l’école et mon mari a continué à être prof. »
Comment avez-vous atterri ici ?
Daphné : J’ai visité ces locaux en juin 2021 grâce à la maison de quartier Bonnevie. J’apprends le néerlandais chez eux depuis 2 ans. Je suis venue visiter et j’ai eu un coup de cœur. Je ne comprends pas pourquoi ces locaux étaient vacants depuis autant de temps.
Claudie : On m’a proposé d’occuper une partie de ce local à Anderlecht. Mais je me disais « Anderlecht, c’est beaucoup trop loin ». Et quand j’ai visité, je me suis directement dit « je veux travailler ici ».
Daphné : J’ai eu le même sentiment. Quand je suis arrivée ici, je me suis dit « comment ai-je fait pour travailler ailleurs ? ». Et quand on a un peu de bouteille, on sait ce qu’on veut.
Claudie : Ce qui est soutenant c’est qu’on a une très bonne communication. Daphné porte le projet et nous soutient. C’est super agréable. Quand je viens ici, je suis super heureuse de venir travailler. Et ma salle est super belle. Je suis psychomotricienne. Je pratique la motricité en relation. Notre corps n’est pas juste un instrument qui bouge. On habite notre corps. Je reçois des enfants qui n’habitent pas leur corps, des enfants qui ont des troubles du développement ou psychomoteurs par exemple. Ils vivent des fois des trucs super violents à l’école, dans leur environnement. Je vois aussi très régulièrement les parents. Daphné : Rien que comprendre le système, ce n’est pas simple. On prend le temps d’expliquer aux parents ce qu’on fait et de les accompagner dans leurs démarches administratives. On fait un peu de travail social.
Claudie : On a assez bien de monde d’Anderlecht. La distance joue un rôle important car il y a plusieurs rendez-vous par semaine pour un enfant. Mais malheureusement, la psychomotricité n’est pas remboursée. Et pour beaucoup de parents, ce n’est vraiment pas simple. On les accompagne comme on peut au niveau administratif. Daphné : Les inégalités ça m’horripile. En parlant d’Anderlecht, vous avez tissé des liens avec le quartier ?
Daphné : On cherche des partenaires de travail dans le quartier, sur Anderlecht. C’est très chouette de tisser des réseaux pour mieux accompagner les enfants. Et puis, je n’aimerais pas aller de l’autre côté de Bruxelles pour un accompagnement. Ce n’est pas faisable. Les gens viennent de maximum de Saint Guidon.
Claudie : C’est difficile aussi de trouver des partenariats. On peut être complémentaire avec des pédiatres. On a aussi des bons contacts avec quelques logopèdes. On aimerait avoir un super médecin en neuropsychologie. Et dans un environnement bienveillant.
Une bonne adresse du quartier à nous partager ?
Daphné : J’aime bien la Kantine du Canal…
Claudie : C’est ce que j’allais dire !