Perspectives du CLTB en 2021
Vous n’êtes pas sans savoir que l’année 2020 fut particulièrement riche en défis pour de nombreuses ASBL. Pour le CLTB, ce fut aussi l’occasion d’inaugurer Le Nid et Arc-en-Ciel, deux de nos projets d’habitation. Autre changement de taille, dorénavant, nous prenons en charge la maîtrise d’ouvrage de nos projets, ce qui nous permet de définir nous-même des spécificités de chaque bâtiment. Dans ce cadre, quelles perspectives s’offrent alors pour notre organisation en 2021 ? Pour apporter des réponses à cette question, nous vous proposons de découvrir cette interview de Lorella Pazienza, notre coordinatrice de projets immobiliers.
Commençons par une question un peu générale : quelles sont les spécificités des projets d’habitation du CLTB ?
LP : Chaque nouveau projet comporte des éléments auxquels nous sommes très attachés. Tout d’abord, les projets que nous réalisons répondent aux besoins de notre public, essentiellement composé de familles nombreuses. Nous impliquons nos membres et nos futurs propriétaires dans le processus de la conception jusqu’à la réalisation du projet. Nous tenons aussi à favoriser le contact et la convivialité entre nos résidents par des espaces communs et collectifs de qualité, propices aux rencontres et aux échanges. Dans la mesure du possible, nous prévoyons également des espaces pour des activités qui répondent aux besoins du quartier.
Nous souhaitons tout particulièrement rendre accessible nos logements aux personnes à mobilité réduite et pourvoir au minimum un logement adapté et/ou adaptable par projet. Enfin, nos réalisations intègrent des objectifs de durabilité et la volonté d’être exemplaire et innovant en terme de circularité et de réemploi des matériaux.
Je propose que vous nous parliez un peu chaque nouveau projet, pour y voir plus clair.
Projet Transvaal
LP : Le premier projet que nous avons lancé depuis que nous sommes maitre d’ouvrage est le projet Transvaal à Anderlecht. Ce projet sera réalisé par le bureau d’architecte PTArchitecten BVBA. Le terrain est délimité par une crèche communale et un terrain de foot. Ce projet comporte 15 logements, la plupart de grande taille, ainsi qu’un espace pour l’asbl La FEFA (une association communale qui offre un encadrement sportif et scolaire pour les jeunes) et plusieurs espaces communs (un jardin, une terrasse collective, une buanderie…). La salle polyvalente de l’espace FEFA pourra être utilisée à certains moments par les habitants pour leurs propres activités. Pour faciliter l’accès aux riverains depuis la rue Transvaal vers l’intérieur de l’îlot et pour optimiser la qualité du projet, nous avons opté pour un passage de trois mètres entre le futur bâtiment et le terrain de foot.
Projet Abbé Cuylits
Ensuite vient le projet Abbé Cuylits à Anderlecht. Actuellement, plusieurs associations occupent de manière temporaire les quatre hangars présents sur le site et offrent des activités au quartier. Le quartier urbain semble cependant un peu asphyxié par le manque d’espace vert. En réponse à ce constat, le projet lauréat du bureau VERS.A architecture propose de limiter la profondeur du bâti afin de dégager un maximum de surface pour le jardin collectif. L’espace entre les 2 volumes distincts qui vont être construits offre aux passants une agréable vue depuis la rue vers le jardin. L’ensemble compte 9 logements en simplex et duplex ainsi qu’un jardin collectif. Étant donné la taille limitée du terrain, nous avons privilégié les logements aux espaces associatifs. En revanche, les espaces réservés au parking ou au vélo sont conçus de manière à pouvoir être facilement reconvertis pour l’accueil d’activités diverses.
Projet Anvers
Le projet Anvers est un projet en maîtrise d’ouvrage conjointe avec Bruxelles Environnement. Nous avons désigné comme bureau Pierre Blondel Architectes. Ce projet comprendra 14 logements, un jardin collectif ainsi qu’une antenne pour les gardiens de parc située le long de l’ancien tracé de la Senne.
Les logements sont distribués sur trois volumes distincts et offrent tous une vue vers le jardin. Une large porte cochère marque l’entrée principale par laquelle on aperçoit le jardin et l’antenne situé en fond de parcelle. Les espaces communs (buanderie, salle yoga, …) ainsi que les voies de circulation sont de qualité et propices à la rencontre. En outre, la salle polyvalente de l’antenne pourra être partagée avec les futurs habitants pour diverses activités. L’ensemble prévoit 1 logement adapté et 2 logements adaptables pour PMR en lien direct avec le jardin. La structure constructive permet d’adapter aisément les espaces dans le futur en fonction des besoins des familles. Le projet a surtout comme ambition d’être exemplaire au niveau des matériaux durables de circuit court et de réemploi.
Projet Tivoli
Enfin, nous travaillons sur un projet nommé Tivoli où nous construisons 22 logements. Nous avons désigné le bureau d’étude pour ce projet très récemment : il s’agit du bureau V+ en association avec HBAAT. Le contexte et le terrain n’est pas des plus simples : il faut tenir compte du permis de lotir et de la complexité du terrain d’angle très étroit. Le projet lauréat propose de construire 3 volumes distincts avec des espaces communs de qualité tant au niveau de la rue (jardins et espace collectif…) qu’en toiture où des terrasses pourront être aménagées pour profiter d’un maximum d’ensoleillement. Ici aussi l’aspect constructif simple et rationnel permettra de faire évoluer facilement les espaces en fonction des futurs besoins des propriétaires.
Par rapport à la problématique de la construction durable, où nous situons nous ?
LP : La conception d’un projet CLTB tente d’intégrer toutes les facettes d’un habitat durable : l’énergie, l’eau, matériaux, l’environnement, le bien-être, confort et la santé.
Lors de la conception d’un bâtiment durable, notre ambition première est que nos choix ne deviennent pas des contraintes pour les utilisateurs. Cela nécessite un accompagnement adéquat et intense de notre part et des associations partenaires qui interviennent (sur une durée de 4 ans) pointées par des moments d’échanges entre les concepteurs et les utilisateurs et des moments de formations et d’écolages continus en lien avec la copropriété, l’usage et l’entretien du bâtiment. Sans cet accompagnement le projet n’est pas durable par définition…
Avec le projet Anvers, nous avons enclenché une vitesse supérieure en incluant la circularité et le réemploi des matériaux au cœur nos projets. Nous avons la chance d’être accompagné dans cette réflexion par le consortium BC Architects&Studies et Rotor dans le cadre d’un accompagnement mis en place par Bruxelles Environnement. Plusieurs sessions de travail seront organisées avec les concepteurs et les habitants autour de la flexibilité et du réemploi.
Pour conclure est ce qu’il y a un point qui retient votre attention dans cette réflexion générale sur la construction durable ?
LP : L’architecture et les nouvelles techniques doivent certes limiter l’impact environnemental du bâtiment mais il faut à mon sens aussi et surtout veiller au bien-être des habitants de nos logements. La prise en compte des utilisateurs n’est pas encore suffisamment intégrée dans la réflexion générale sur l’aspect durable des habitations par les maîtres d’ouvrages, les concepteurs, les entreprises, les gestionnaires… Notre approche a aussi comme vocation d’ouvrir des pistes de réflexion et d’inspirer d’autres acteurs de l’immobilier privé et public.
Les ateliers « ArchiLabs » nous permettent d’impliquer les habitants des CLT dès la conception de leur habitation. Ici, l’ArchiLab du projet Abbé Cuylits
Par rapport la circularité et le réemploi des matériaux je suis impatiente d’entamer une réflexion avec les habitants par rapport aux matériaux de réemploi dans leur logement. Nous allons surtout travailler sur ce sujet dans le cadre de nos archiLab du projet Anvers.
Le sujet du réemploi des matériaux nous amène à nous poser beaucoup de questions, notamment sur la procédure des marchés public et la mise en place d’un cadre pour que les entreprises soient proactives et proposent des alternatives de réemploi, mais aussi sur l’impact budgétaire et de planning sur nos projets. De façon plus générale, par les acquis des quatre marchés publics lancés depuis 2019, nous allons faire évoluer notre procédure et notre cahier spécial des charges.